LYNYRD SKYNYRD: Live From Atlantic City (2018)


Devant ce nouveau CD/Blu-ray du gang de Jacksonville, on serait tenté de jouer les mauvaises langues en affirmant que le groupe maîtrise à la perfection l’art de faire du neuf avec du vieux. Mais il convient de nuancer ces propos. En effet, ce show date d’une douzaine d’années environ mais n’était disponible que par la voie hasardeuse des enregistrements pirates. Alors, autant ne pas faire la fine bouche et profiter d’une image un peu améliorée qui permet de revoir les regrettés Billy Powell et Ean Evans. On peut aussi apprécier la grande forme de Rickey Medlocke et les capacités du jeune Mark Matejka à l’époque. Á condition, bien sûr, d’être équipé d’un lecteur Blu-ray. On peut effectivement s’interroger sur ce choix de support, un DVD classique ayant été plus judicieux et surtout plus sympathique pour le plus grand nombre des fans. Sans doute un choix commercial du distributeur.
Bon, même en audio et malgré un son moyen, le concert n’est pas inintéressant car le combo de Floride partage la scène avec quelques invités (surprenants pour certains). Toute la bande démarre sur un classique « Workin’ for MCA » suivi de « Red white and blue » que Johnny Van Zant dédie aux troupes américaines disséminées dans le monde. Vient ensuite « Gimme three steps » enrobé d’une section de vents. Juste après, le premier invité débarque. Il s’agit de Bo Bice (un vainqueur de l’émission American Idol ayant mis en avant son admiration pour Lynyrd Skynyrd) qui se pointe avec son guitariste. Il se lance dans une ballade pop/rock pour minettes (« The real thing ») et c’est plutôt marrant d’entendre les chevelus de Jacksonville comme groupe d’accompagnement dans un style musical si conventionnel. Bo Bice reste en scène pour participer à « Gimme back my bullets ». Mais le plus intéressant reste à venir avec l’arrivée d’une légende de la country music. Mister Hank Williams Junior lui-même, le country man qui a souvent teinté sa musique de « Southern rock ». Il fait le bœuf sur « Down south jukin’ » (rehaussé d’un bon solo de slide de Mark Matejka) et interprète avec ses vieux potes de Lynyrd Skynyrd un de ses propres morceaux (« Born to boogie » avec un beau solo de piano de la part de Billy Powell). C’est un vrai plaisir d’entendre et de voir tous ces musiciens sudistes réunis dans un bel ensemble. Ensuite, on passe au groupe 3 Doors Down qui jamme sur « That smell » (sonnant un peu étrange en raison de l’ajout d’une section de vents) et joue un de ses titres (« Kryptonite ») avec les gars de Lynyrd Skynyrd. Johnny Van Zant se marre en partageant les vocaux et Rickey Medlocke semble très à l’aise avec ce genre musical. Cependant, Gary Rossington reste perplexe et se demande ce qu’il fait là. Les musiciens de 3 Doors Down proposent aussi une version assez heavy de « Saturday night special » qu’ils interprètent seuls comme des grands. La fin du show se rapprochant à grands pas, on fait revenir tous les invités pour « Call me the breeze » et « Sweet home Alabama » (qui débute par quelques arpèges de Rickey Medlocke). Il y a plus de guitaristes qu’au NAMM (le prestigieux salon de la musique de Chicago) et la scène ressemble à un joyeux bordel auquel viennent s’ajouter les trois vents et les deux choristes. On termine dans la tradition avec « Free bird ». Johnny Van Zant serre la main d’une petite fille avant le délire final et le solo impérial de Rickey Medlocke.
Que dire en conclusion ? Si on doit se contenter de l’écoute en CD, ce concert ne vaut vraiment que par la prestation d’Hank Williams Junior. Si on possède un lecteur blu-ray (ce qui est loin d’être le cas pour tout le monde), on peut savourer un moment assez original dans la carrière de Lynyrd Skynyrd. Alors, espérons que ce show sortira en DVD pour le bonheur de la majorité des fans du groupe. Sinon, il faudra être débrouillard et se procurer le DVD pirate « Lynyrd Skynyrd Freebird’s Dusty Boot » qui contient beaucoup d’autres choses (dont la première apparition des survivants du crash à la Volunteer Jam de Charlie Daniels en 1979).

Bonne chasse !

Olivier Aubry